Lettre de Jisnomir à Mikoula sur l'achat d'un esclave, XIe - XIIe siècle, Institut d'études slaves de l'Académie des sciences de Russie.

Au XIe siècle, des manuscrits rédigés sur écorce de bouleau

Le XIe siècle est marqué par la floraison politique de La Rus’ de Kiev1 et la formation de la langue et de la culture de cette ancienne principauté slave.

À cette époque, de nombreux documents étaient rédigés sur écorce de bouleau. Ces documents, très présents dans la Russie du XIe au XVe siècles, étaient surtout des lettres et des notes diverses. Plus tard, le papier, beaucoup moins cher, remplacera l’écorce dont l’usage se perd peu à peu.

Histoire d’une découverte

Le 26 juillet 1951, des fouilles archéologiques sont menées à Novgorod par Artemiy Artsikhovsky. Ce grand historien et archéologue est considéré comme le découvreur et premier commentateur de manuscrits en écorce de bouleau.

Cette découverte est pour le moins inattendue. En effet, les chercheurs étaient au courant de l’existence de ces manuscrits car les archives les mentionnaient mais l’on imaginait alors que le peuple russe écrivait avec de l’encre sur les écorces. Une fois découvertes, il serait donc impossible de les déchiffrer. Or, il s’avère que les écorces sont gravées à l’aide d’un stylet et que l’écriture est toujours visible, près de 1 000 ans plus tard2.

Pourquoi Novgorod ?

Ce n’est pas un hasard si les documents rédigés sur écorces de bouleau découverts à Novgorod sont particulièrement bien conservés. En effet, cette préservation est assurée par l’humidité des terres de cette ville située aujourd’hui au nord-ouest du pays.

Bien que l’humidité a très mauvaise réputation lorsque l’on parle de conservation, deux facteurs peuvent la garantir lorsqu’il s’agit de matériaux tels que le bois du bouleau : la sécheresse absolue ou l’humidité absolue.

Novgorod, qui possède un climat continental humide sans saison sèche, est donc un lieu favorable pour la préservation de ces manuscrits en écorce de bouleau.

Portrait de l’archéologue Artemiy Artsikhovsky.

À quoi ressemblent ces manuscrits ?

Ces manuscrits étaient rédigés sur de longues feuilles d’écorce de bouleau. La taille des feuilles varie grandement mais la plupart mesurent entre 15 et 40 centimètres de long et 2 à 8 centimètres de large.

Puis, lorsque le texte est entièrement rédigé, la lettre est coupée pour que personne ne puisse ajouter de mots et remplir les espaces laissés vides.

Comme dans la majorité des manuscrits slaves médiévaux, le texte est écrit sans division de mots. Ils ne contiennent généralement pas plus de 20 mots tandis que la plus longue découverte en contient 176.

Que contiennent-ils ?

Les écorces de bouleau étaient principalement utilisées pour la correspondance privée et les archives personnelles. En effet, les documents importants ou officiels étaient surtout rédigés sur parchemin.

Parmi les contenus retranscrits, l’on compte des prières, des complots, des devinettes, des exercices scolaires, des documents commerciaux, des rapports médicaux et, bien entendu, des lettres d’amour.

Parfois, l’écorce servait de brouillon pour la rédaction d’actes notariés et autres archives judiciaires. Et, même lorsqu’il s’agissait de correspondance, il était courant de détruire les écorces après lecture. C’est la raison pour laquelle ces manuscrits représentent un rare témoignage de la vie quotidienne à cette époque et une source unique pour l’historien.

Cet article sur l’histoire des manuscrits en écorce de bouleau sera suivi par un article Focus sur une lettre d’amour rédigée sur une écorce de bouleau, il y a plus de 900 ans.
Notes
  • La Rus' représentait les territoires de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie d'aujourd’hui.
  • Plus tard, de plus en plus de ces documents seront exhumés à Novgorod et dans onze autres villes historiques de l'ancienne Russie.
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A. Duginova
A. Duginova
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