Focus sur le message rédigé par le général Eisenhower en cas d’échec du débarquement de Normandie

En 1944, le débarquement de Normandie représentait la plus grande invasion maritime de l’histoire. Souvent désignée comme le D-Day, l’opération du 6 juin a permis de libérer la France occupée par l’Allemagne et de jeter les bases de la victoire des Alliés sur le front occidental.

Toutefois, le général Eisenhower avait conscience d’être face à un ennemi « bien entraîné, bien équipé et endurci au combat ». Si l’invasion de la Normandie échouait, un message particulier aurait été transmis.

Planification

La planification de l’opération a commencé dès 1943. Au cours des mois qui ont précédé l’invasion, les Alliés ont procédé à une importante tromperie militaire, baptisée Opération Bodyguard. Son but ? Induire les Allemands en erreur quant à la date et au lieu des principaux débarquements alliés.

Le jour choisi était loin d’être idéal, et l’opération a dû être retardée de 24 heures. Adolf Hitler avait confié au maréchal allemand Erwin Rommel le commandement des forces allemandes et du développement de fortifications le long du mur de l’Atlantique en prévision d’une invasion alliée.

Le matin du 6 juin 1944, le général Eisenhower rédige une déclaration télégramme aux troupes des forces expéditionnaires alliées. Ses encouragements ont été écrits dans l’espoir que l’invasion de la France mettrait rapidement fin à la guerre en Europe.

 

L’encouragement du général

Les encouragements du général Eisenhower avant le débarquement de Normandie. © Eisenhower Presidential Center

Les encouragements du général Eisenhower avant le débarquement de Normandie

1 page, en anglais
Traduction prenant en compte les corrections manuscrites
 
Soldats, marins et aviateurs des forces expéditionnaires alliées ! Vous êtes sur le point de vous lancer dans la Grande Croisade, à laquelle nous avons tendu ces nombreux mois. Les yeux du monde sont sur vous. Les espoirs et les prières d’un peuple épris de liberté marchent partout avec vous. En compagnie de nos braves alliés et de nos frères d’armes sur d’autres fronts, vous provoquerez la destruction de la machine de guerre allemande, l’élimination de la tyrannie nazie qui a opprimé les peuples d’Europe.

Votre tâche ne sera pas facile. Votre ennemi est bien entraîné, bien préparé et endurci au combat. Il va se battre sauvagement.

Mais nous sommes en 1944 ! Il s’est passé beaucoup de choses depuis les triomphes nazis de 1940-1941. Les Nations Unies ont infligé aux Allemands de grandes défaites, en bataille ouverte, d’homme à homme. Notre offensive aérienne a sérieusement réduit leur force dans les airs et leur capacité à mener une guerre sur le terrain.

Notre front intérieur nous a conféré une supériorité écrasante en armes et en munitions de guerre et a mis à notre disposition de grandes réserves d’hommes de combat entraînés. Le vent a tourné ! Les hommes libres du monde marchent ensemble vers la victoire !

J’ai pleine confiance en votre courage, votre dévouement, votre habileté au combat. Nous n’accepterons rien de moins qu’une victoire complète!

Bonne chance ! Que nous soyons sous la bénédiction de Dieu Tout-Puissant pour cette grande et noble entreprise.

C’est le début du débarquement. Les opérations amphibies ont été précédés par de grands bombardements aériens et navals et par un assaut aéroporté qui a permis le débarquement de 24 000 soldats américains, britanniques et canadiens peu après minuit.

Les hommes ont atterri sous un feu nourri depuis les emplacements d’armes à feu donnant sur les plages tandis que le rivage était miné et couvert d’obstacles, rendant le travail des équipes difficile et dangereux.

Le général Eisenhower donnant les dernières instructions aux soldats avant le débarquement en Normandie. © Bibliothèque du Congrès des États-Unis (cph 3a26521)

Cependant, l’opération s’est bien implantée et les Alliés se sont progressivement étendus afin d’atteindre leurs objectifs. Les pertes furent lourdes, pour les alliés comme pour le Reich allemand, mais l’opération est une réussite.

Néanmoins, il existe un autre message du général Eisenhower. Celui-ci est entièrement de sa main et est rédigé sur un papier à bordure sombre. Et si le débarquement se soldait par une défaite ?

 

En cas d’échec

Message rédigé par le général Eisenhower en cas d’échec du débarquement de Normandie. © National Archives (186470)

Message rédigé par le général Eisenhower en cas d’échec du débarquement de Normandie

1 page, en anglais
 
Nos atterrissages dans la région de Cherbourg-Havre n’ont pas réussi à prendre pied de manière satisfaisante et j’ai retiré les troupes. Ma décision d’attaquer à ce moment et à cet endroit était basée sur la meilleure information disponible.

Les troupes, les forces aériennes et la marine ont fait tout ce que le courage et la dévotion au devoir ont pu faire.

Si un blâme ou une faute s’attache à la tentative, c’est le mien seul.

5 juillet

 
Dans l’angoisse d’une telle issue, le général a daté la lettre au 5 juillet, au lieu du 5 juin. Heureusement, il n’a pas eu besoin de s’en rendre compte.


J. M. Sultan
J. M. Sultan
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