Manuscrit : Traduction de Tacite par Élisabeth I, photo © Lambeth Palace Library. Gravure : Frontispice de la Bible des Évêques, 1568.

La reine Élisabeth Ire serait l’auteur d’un mystérieux manuscrit

Un historien anglais a récemment découvert un manuscrit écrit par la reine Élisabeth Ire, il y a plus de 400 ans.

Une découverte rare

C’est la grande découverte de cette semaine. La reine Élisabeth Ire, qui a régné de 1558 à 1603, serait l’auteur d’une traduction des Annales de l’historien romain Tacite.

Le manuscrit, qui se trouve dans la bibliothèque de Lambeth Palace à Londres, a été découvert par le Dr John-Mark Philo, chercheur honoraire en études anglaises à l’Université britannique d’East Anglia. Ce dernier était à la recherche de traductions de Tacite lorsqu’il tomba sur ce mystérieux document de 42 pages, rédigé par un auteur inconnu.

Dans un article publié dans The Review of English Studies1, le chercheur avance que bien que la traduction elle-même ait été copiée par « une élégante main de secrétaire » qui correspond à celle de l’un des secrétaires de la reine, les corrections apportées au texte proviennent d’une autre main, bien plus célèbre.

L’une des pages du manuscrit rédigé par la reine Élisabeth I. Photo © Lambeth Palace Library.

Pour prouver cela, des chercheurs se sont penchés sur l’analyse de l’écriture. Celle-ci a pu mettre au jour certains indices qui révèlent des traits significatifs, propre à l’écriture de la Reine vierge : son « e » particulier, le « m » tracé à l’horizontal et le « d » légèrement cassé.

L’analyse du papier à notamment permis de découvrir trois filigranes représentant un lion rampant, les initiales « G. B. » ainsi qu’une contremarque à l’arbalète. Les experts de l’Université d’East Anglia ont confirmé que de tels symboles étaient fréquents dans l’administration élisabéthaine des années 1590. En effet, ces mêmes symboles ont été retrouvés sur d’autres écrits de la fille du roi Henri VIII tels que des documents traduits ou des lettres personnelles.

Un texte polémique

Cette traduction des Annales se concentre sur le premier livre qui retrace la mort d’Auguste en l’an 14 de notre ère et l’arrivée au pouvoir de son successeur, l’empereur Tibère. Toujours selon les experts, le ton employé ainsi que la construction syntaxique de la traduction correspondrait aux œuvres connues d’Élisabeth Ire. Ce texte, considéré par Charles Ier comme antimonarchique aurait pu être étudié par la reine pour savoir comment gouverner ou, au contraire, identifier ce qu’il fallait éviter au cours de son règne.

Le célèbre portrait d’Élisabeth I attribué à William Segar, vers 1585, Hatfield House.

D’après le Dr John-Mark Philo, spécialiste des traductions d’œuvres grecques et romaines dans la littérature anglaise, « les corrections apportées à la traduction sont à la hauteur de la plume d’Élisabeth qui était, pour le moins qu’on puisse dire, idiosyncratique. Plus vous êtes haut dans la hiérarchie sociale dans l’Angleterre des Tudors, plus vous pouvez laisser votre écriture devenir plus confuse. Pour la reine, la compréhension est le problème de quelqu’un d’autre. Nous savions déjà qu’elle était douée pour les langues – latin, français, italien. Elle connaît bien l’espagnol et le grec. En fait, elle commence à utiliser une partie de l’alphabet grec dans sa propre écriture. »

Une telle découverte pourrait donc avoir d’importantes conséquences sur notre compréhension de la vie politique et culturelle à la cour des Tudors.

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J. M. Sultan
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