Papyrus d'Oxyrhynque P.Oxy 6.993, Penn Museum (inv.E03079).

Un professeur d’Oxford accusé d’avoir volé et vendu des fragments de la Bible sur papyrus

Un professeur de l’Université d’Oxford a été arrêté après avoir été soupçonné d’avoir volé des fragments bibliques sur papyrus provenant de la collection de l’université et de les avoir vendus au Musée de la Bible.

Vol de papyrus

Décidément, le Musée de la Bible de Washington est au centre de toutes les mauvaises nouvelles. Après avoir possédé 5 500 objets archéologiques volés et passés en contrebande depuis les zones de guerre contrôlées par l’État islamique1 et l’annonce, le mois dernier, que l’ensemble de leurs fragments des manuscrits de la mer Morte étaient des contrefaçons, ce Musée attire une nouvelle fois les regards.

Cette fois, il s’agit d’anciens fragments bibliques sur papyrus qui auraient en fait été volés à l’Université d’Oxford par l’un de ses professeurs.

L’affaire remonte à 2013, date à laquelle les fragments de papyrus d’Oxyrhynque ont été volés. 6 ans plus tard, en octobre 2019, des responsables de la Société d’exploration de l’Égypte (EES) ont allégué que le professeur d’Oxford Dirk Obbink, avait volé et vendu « au moins 11 anciens fragments de la Bible à la famille Green, les propriétaires de Hobby Lobby qui exploitent le Musée de la Bible […] ».

Depuis, les fragments ont été restitués mais l’arrestation du voleur présumé donne un nouveau coup de projecteur sur cette histoire.

Les papyrus d’Oxyrhynque

Pour rappel, les papyrus d’Oxyrhynque sont un groupe de manuscrits découverts à la fin du XIXe et au début du XXe siècle par les papyrologues Bernard Pyne Grenfell et Arthur Surridge Hunt dans une ancienne décharge près d’Oxyrhynque, l’actuelle El-Behneseh en Égypte.

Datant des époques ptolémaïque et romaine de l’histoire égyptienne, les chercheurs estiment que seulement 10% ces papyrus – soit un peu plus de 50 000 – sont de nature littéraire. Cette collection de papyrus est aujourd’hui célèbre pour ses fragments relatifs aux premiers chrétiens.

Bernard Pyne Grenfell et Arthur Surridge Hunt vers 1896. © Egypt Exploration Society.

Ces papyrus sont aujourd’hui conservés dans des institutions du monde entier et en particulier à l’Université d’Oxford. Quant à ceux qui ont été volés en 2013, ils étaient conservés à la bibliothèque Sackler d’Oxford mais appartenaient à la Société d’exploration de l’Égypte.

Le directeur de l’EES, le Dr Carl Graves, a déclaré qu’il s’agissait « de fragments précoces des évangiles ou des fragments bibliques. Ils témoignent de l’héritage chrétien primitif de l’Égypte et de l’écriture biblique. Nous ne les apprécions pas financièrement, mais ils sont inestimables et irremplaçables. »

L’arrestation

La nouvelle de l’arrestation du célèbre papyrologue a tout d’abord été relayée par l’Oxford Blue, un journal étudiant. Ce dernier affirme que Dirk Obbink avait été suspendu depuis le mois d’octobre 2019.

Le professeur a toujours nié ces accusations qui ne seraient, selon lui, qu’une tentative malveillante de diffamation dont le seul but est de ruiner sa carrière. Pourtant, le Musée de la Bible reste sur ses positions après avoir déclaré que onze de ces pièces volées étaient entrées en leur possession après avoir été vendues par le professeur Obbink en deux lots en 2010. En effet, Scott Carroll et Jerry Pattengale, qui ont aidé à rassembler la collection du Musée, auraient rencontré Dirk Obbink à plusieurs reprises. Et, dans les factures de vente, c’est bien le nom de l’universitaire qui est mentionné.

Nous en saurons probablement plus dans les semaines à venir mais il semble bien que nous ne sommes pas encore près de la conclusion. En effet, l’Oxford Blue précise que l’EES a identifié 120 papyrus supplémentaires qui manquent à l’appel…

Notes
  • Ces objets ont depuis été rendus après le paiement, par le Musée, d'une amende de 3 millions de dollars.
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J. M. Sultan
J. M. Sultan
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