Jean-Jacques Lequeu, Et nous aussi nous serons meres ; car...!, 1794. © Bibliothèque nationale de France
Cet événement est terminé depuis le 31 mars 2019.

Jean-Jacques Lequeu (1757-1826) – Bâtisseur de fantasmes

Le Petit Palais présente pour la première fois au public un ensemble inédit de 150 dessins de Jean-Jacques Lequeu (1757-1826), cet artiste hors du commun dont l’œuvre graphique est l’une des plus singulières de son temps.

Originaire d’une famille de menuisiers à Rouen, Lequeu reçoit une formation de dessinateur technique. Très doué, il est recommandé par ses professeurs et trouve rapidement sa place auprès d’architectes parisiens. Plus tard, les bouleversements révolutionnaires font disparaître sa riche clientèle et, se retrouvant employé de bureau au Cadastre, il tente en vain de remporter des concours d’architecture. Seulement, il doit se résigner à dessiner des monuments et des fabriques d’autant plus étonnants que l’artiste, pressentant que ces constructions ne sortiront jamais de terre, se libère des contraintes techniques.

Jean-Jacques Lequeu, Et nous aussi nous serons meres ; car...!, 1794. © Bibliothèque nationale de France
Jean-Jacques Lequeu, Et nous aussi nous serons meres ; car…!, 1794. © Bibliothèque nationale de France

Le parcours thématique de l’exposition, réalisée avec le concours de la Bibliothèque nationale de France qui conserve la quasi-totalité des dessins de l’artiste, retrace cette trajectoire atypique et aborde les différentes facettes de son œuvre : les portraits – très en vogue au XVIIIe siècle -, les exceptionnels projets d’architecture, avant de se terminer sur une série de dessins érotiques oscillant entre idéalisation héritée de la statuaire antique et naturalisme anatomique.

Ainsi pour Lequeu, il s’agit de tout voir et tout décrire, avec systématisme, de l’animal à l’organique, du fantasme et du sexe cru à l’autoportrait, et par-delà de mener une véritable quête pour mieux se connaître lui-même. En 1825, six mois avant de disparaître dans le dénuement et l’oubli, il donne à la Bibliothèque royale l’ensemble de ses feuilles livrant l’une des œuvres les plus complexes et curieuses de cette période. Au XXe siècle, des recherches ont permis de redécouvrir peu à peu l’artiste, mettant en lumière ses dessins les plus déconcertants mais jamais une rétrospective n’avait été organisée sur ce génie si singulier.